Le Chevalier à l’armure rouillée (sixième partie)
Il reprit la route, fatigué il s’appuya contre l’arbre et regarda écureuil en lui disant:
-Je sais, je manque d’ambition.
-Cet arbre n’a pas d’ambition et moi non plus, répondit écureuil.
-Bon, pour les arbres et les animaux, mais un homme sans ambition?…
-Serait heureux! Lança écureuil.
-Je ne crois pas… les humains ont un esprit
-Oui, trop compliqué; celui-ci les pousse à vouloir devenir meilleur que qui ils sont, ou meilleur que les autres…
-J’ai toujours voulu être le meilleur chevalier du royaume ! Qu’y a-t-il de mal à essayer ?
-Tu es trop occupé à essayer, c’est pourquoi tu n’apprécies pas d’être simplement.
-Vous mélangez tout, grommela le chevalier, les gens ont besoin d’ambition pour avoir de beaux châteaux et échanger leur cheval contre un autre de l’année. Ils veulent avancer!
-Oui, et se lancer dans toutes les directions qui ne les mène nulle part. Mais si tu es gentil, bon et compatissant, intelligent et plein d’amour comment peux-tu être plus riche? Seulement l’ambition qui vient du cœur peut apporter le bonheur, car elle est pure, n’entre en compétition avec personne, ne fait de tort ni ne déprécie personne. Elle est au service de chacun comme de tous. Et c’est là que tu peux apprendre du pommier sur lequel tu es appuyé. Il est beau, épanoui et porte de bons fruits qu’il offre librement à ceux qui le désirent. Plus les gens cueillent ses fruits, plus il est beau, plus il pousse. Il fait exactement ce que les pommiers sont censés faire, il réalise son potentiel au bénéfice de tous. C’est ce que tu dois faire.
-C’est plus facile pour un arbre que pour un humain !….
-Pourtant tu reçois la même Énergie Vitale, la même eau, le même air et la même nourriture…
-Donc je dois me contenter de prendre racine et rester dans ma cour?
–Si tu restais plus souvent tranquille à accepter et apprécier au lieu de courir, tu comprendrais l’ambition du cœur.
Le chevalier se mit à contempler l’arbre en silence. Quel beau représentant de la Vie, se dit-il. Et il se regarda, observa sa maigreur, sa barbe hirsute, ses gestes nerveux et son épuisement alors qu’il trainait sa lourde armure acquise par beaucoup d’ambition.
Assoiffé, il s’agenouilla pour boire dans le ruisseau qu’il contempla et apprécia comme jamais auparavant. L’armure qui couvrait ses bras et jambes amaigris tomba.
Le Chevalier à l’armure rouillée – Robert Fisher – VivezSoleil
…suivez notre blog pour connaitre la fin:)