Si j’ai parlé de retirer le voile religieux et que dans dix jours j’ai eu trois cent cinquante mille vues, je vais voir si l’on est cohérent. Si l’on veut enlever de notre vue le voile ou tchador, ce n’est pas pour se montrer fermé à la différence, mais pour la symbolique d’assujettissement que ça représente pour nous.
Sommes-nous cohérents ?
Pour ce qui est du crucifix, je crois que bien avant ce débat-ci, on aurait dû comprendre que ça n’avait plus sa place là ou nous sommes rendus dans notre conscience. Pas parce que c’est historique ou que ça fait partie de notre culture ; mais pour le symbole lui-même. On est plus au moyen-âge ! Ce qui était, s’est métamorphosé à mesure que les sociétés ont accepté de décrocher de ce qui était dépassé, à mesure que leur compréhension s’accentuait.
Si vous aviez un être cher qui est mort dans une violente agonie par choix ou en victime, allez-vous en accrocher ce symbole sur votre mur, dans votre cou ? Allez-vous faire reproduire cette représentation douloureuse à la chaîne qui identifiera toute sa vie par ce moment horrible ? Dans ma conception à moi, Jésus n’a jamais été heureux qu’on réduise ce qu’il a été, ce qu’il a fait, par l’insigne ignoble de la crucifixion. Il n’y a rien d’honorable là-dedans ! Et quant à moi, il n’y a rien qui représente le Christ sinon ses grands bras ouverts prêts à accueillir et à embrasser.
On peut aimer la croix pour souligner que Jésus a souffert ; mais il s’en est sorti. Il a vécu des moments incroyables de joies et de gloire, de contribution et de reconnaissance. Pour moi, si on avait à débattre de garder un Jésus sur nos murs, ce serait un Christ-Ressuscité. Pourquoi ? Parce que ce symbole parle de ce que j’ai besoin de modèle. Ça parle du fait qu’il a laissé derrière lui ses habits de souffrance et qu’il a choisi la gloire et la joie. Son Calvaire a duré quelques heures. Ensuite il s’est enfermé durant trois jours dans le silence, pour sortir de là, délaissant l’offense. Il s’est catapulté dans sa lumière. C’est ce que je retiens de cette aventure et c’est ce dont je veux m’inspirer. Je veux être animé de ce qui propulse vers le meilleur et le plus lumineux de moi, oubliant le reste, d’aller vers ce qui mène à la gloire.
Ce qui représente davantage la vie du Christ que le crucifix, c’est qu’il a allégé la détresse autour de lui. Il a tout fait pour soulager les malades, il a tenté de relier les gens sans juger et d’élever un peu le niveau de conscience autour de lui. Il a apporté consciemment un peu plus d’amour que d’ordinaire. Mais les représentations de violence, d’assujettissement comme celui de la crucifixion, à mon sens, ça n’a pas plus sa place que le voile qui cache ou réduit les attributs d’une femme. C’est mon humble opinion, c’est simplement la mienne.
Si on parle de neutralité, il faut être conséquent. Je ne suis pas en train de dire qu’il faut tout laisser tomber des représentations religieuses ou des fêtes, mais je crois qu’on en est à les redéfinir. Peut-être faudrait-il leur donner une nouvelle intention, une nouvelle clarté. Pour moi, s’adapter à la conscience qui s’accentue, c’est cela l’évolution. Si Noël était la fête l’Amour avec un grand A, celui qui nous uni et nous relie, ou encore si la fête de Pâques, était un hymne à la métamorphose, à la transformation, où l’on pourrait se réunir pour apporter du réconfort à ceux autour de nous qui traversent de grosses épreuves… Alors peut-être que nos fêtes pourraient devenir universelles.
Même notre Christ national a opté pour le changement. Il a viré sens dessus dessous le temple et tout ce qui s’y faisait de traditionnel. Rester dans le passé et le dépassé, quand on parle de tradition, sans s’ajuster ou se mettre à jour, c’est comme tenir mordicus à nos visions d’enfants sans les réajuster à mesure que la sagesse s’installe. C’est à mon sens, sinon de la sottise, du moins de l’immaturité.
Le Crucifix devrait-il descendre de nos murs ? Moi je suis d’avis qu’il est temps de détacher notre Jésus de sa potence et de le laisser prendre son envol vers du lumineux. Et tant qu’à faire, je changerais aussi notre devise à moins qu’on y rajoute… de qui je suis. Oui… Je me souviens de qui Je Suis.
Et qui es-tu ? Qui sommes-nous ?
Sinon que : Tu es moi… que : Je suis toi !